Swec :
Ce gars-là a probablement eu ses raisons de composer ce
texte-là. Franchement, je m'en fiche beaucoup.
Daneydzaus :
 Nan, il n'a pas de raisons. Premièrement, il ne sait pas
 comment fonctionne une culture vivante. Ni l'acquisition d'une
 langue. Il a un point, dans ce sens que le Québec devrait arrêter
 de mettre l'anglais comme langue seconde, mais son point est
 tellement détourné (arrêter les contacts avec les anglos) de ce
 qu'il faut faire que... pour moi c'est de la pure merde.
Swec :
 Ça résume ma position sur le sujet.
Daneydzaus :
 Et pour avoir une société qui accueille et intègre, il
 faut la rendre intéressante, dynamique et proactive, pas figée,
 stagnante et réactive, comme il le fait.
Et
 surtout, faire tout pour sentir que la personne, peu importe son
 background, même anglophone, puisse se sentir tout à fait chez
 lui, dans la seule mesure d'une maîtrise du français.
Swec :
 Les réactionnaires sont condamnés à se victimiser
 perpétuellement... c'est probablement ce que tout bon lobby
 québécois veut, après tout. Si le gouvernement est là pour
 défendre les faibles, il le force à le mettre de son côté.
Daneydzaus :
 J'ai pas besoin de me sentir en victime au Japon. Ces
 temps-ci, j'ai juste quelques personnes qui ne peuvent que me
 prendre pour un anglophone, ce que je ne suis pas, ou pour Mr.
 Gaijin, ce que je ne suis pas non plus.
Swec :
 À
 ta place, je trouverais le côté gaijin moins insultant...
Daneydzaus :
 Non. Je le trouve tout à fait insultant. C'est comme si
 je traitais constamment Caučircic d'outsider si elle décidait d'habiter
 au Québec.
Swec :
 Mais elle l'est. Elle n'a jamais admis ou voulu être
 québécoise.
Daneydzaus :
 À ce -là, c'est son choix, et elle a le droit. Si
 elle veut que je la salue en anglais, no prob non plus. Mais moi, j'ai
 fait un autre choix. J'ai décidé d'habiter au Japon, pour un
 instant, pas besoin de me faire saluer en anglais.
Swec :
 Les généralisations, c'est malheureux... Faudrait pas
 que tu le prennes personnel. À moins que ce ne soit répétitif et
 en conscience de cause (alors quoi, c'est du bulliying, rien de
 moins).
Daneydzaus :
 C'est
 répétitif, et fait par pas mal tous les Japonais.
Les
 seuls avec qui ça ne se passe pas, ce sont les Japonais avec qui
 j'ai réussi à changer cette mauvaise habitude. Et je leur dis
 simplement : est-ce que vous voulez que je reste? Oui? Alors
 traitez-moi comme quelqu'un qui habite ici, et pas quelqu'un qui est
 de passage.
Si
 je salue quelqu'un au Québec, ça va être en français à la base.
 Messemble que c'est normal.
À
 Toronto, ça va être en anglais, et ici, à Kurobe, en japonais.
Swec :
 Lol!
Daneydzaus :
 Si tu veux être international, la première étape est
 de faire sentir la personne qui vient chez vous pour y vivre comme
 étant "à la maison".
Mon
 ami Russuma, suédophone, je le traite comme un Québécois, et il aime
 ça au cube.
Ça
 le fait sentir super à l'aise.
Swec :
 La morale de cette histoire est
 que c'est toujours crucial de savoir à qui on s'adresse.
Daneydzaus :
 Pas tellement, un voyageur de passage au Japon va-t-il se
 sentir insulté de se faire saluer en japonais?
Swec :
 Non.
C'est
 normal: il est au Japon.
Daneydzaus :
 Justement.
Alors
 tu sais toujours à qui tu t'adresse; qqn qui est sur place.
T'as
 pas besoin de rien d'autre.
Swec :
 Dans
 ce contexte-là, oui. c'est plutôt l'effort du voyageur qui sera
 sollicité, dans le cas que tu soulignes.
Daneydzaus :
 1. Combien de fois salutons-nous qqn sur la route? À peu
 près pas dans nos grosses villes.
 
2. Le voyageur sait qu'il
 n'est pas dans son pays; il va simplement dire qu'il parle pas la
 langue locale.
Swec :
 Un voyageur qui ne parle pas la langue d'où il va n'est,
 au plus, qu'un touriste.
Daneydzaus :
 Justement.
Faque
 t'as jamais vraiment à te poser des questions.
Swec :
 En
 temps normal.
Ya
 des gens qui sont mal intentionnés, ou mal informés...
Daneydzaus :
 Je sais, c'est pour ça que j'ai crissé mon camp du
 Canada. Le Québec m'énerve parce que une partie des Québécois
 n'accepte pas qu'une partie de sa population soit effectivement une
 communauté anglophone (mais celle-là, des fois, ne semble pas
 accepter non plus qu'elle est en situation minoritaire). Ailleurs au
 Canada, il y a pleins de truc sur comment le Québec devrait être
 bilingue et tout et tout et que la simple demande de pouvoir vivre
 tout simplement complètement en français dans une partie du
 territoire est une demande qui semble déraisonnable.
Si
 je ne suis pas capable d'avoir un milieu où je ne peux pas savoir
 comment saluer la personne sans l'insulter, je préfère aller dans
 un endroit où c'est plus clair.
Swec :
 Et
 donc, tu encourages les mouvements/comportements semblables au
 nationalisme?
Daneydzaus :
 J'encourage la diversité des milieux. J'adorerais que le
 West Island soit complètement anglophone, comme c'était dans le
 passé.
J'aurais
 aimé que Saint-Léonard devienne un quartier entièrement italien,
 ça aurait été drôle et le fun en même temps.
Swec :
 Je considère le nationalisme et la ghettoïsation comme
 une même chose, à différente échelle...
Daneydzaus :
 Pas si tu acceptes que n'importe qui peut y entrer et en
 sortir.
Swec :
 Voilà!!!
Ton
 honneur est sauf! 
 
Daneydzaus :
 L'idée, ce n'est pas de mettre un mur face à
 l'immigration; au contraire : je veux encourager les gens à se
 déplacer selon leur goût. Mais je veux ça le plus large, le plus
 diversifié, mais aussi le plus clair possible.
Swec :
 Tu fais ça comment, justement?
 Tu élimines les frontières au nom d'une genre de "permis de
 voyager" limité à ta capacité d'intégration?
Daneydzaus :
 Non; c'est à l'interne : si tu veux qu'une communauté
 soit dynamique, il faut que sa culture (son style de vie, ce qui
 inclut la langue) soit utilisée à tous les niveaux, le plus
 largement possible.
Pas
 besoin de frontières; les gens s'assimilent assez bien quand dans
 la localité où ils sont ils savent que c'est comme X.
Swec :
 Je trouves bizarre le fait que tu mets la contrainte sur
 la communauté et que tu ASSUMES que le voyageur est intéressé à
 s'assimiler...
C'est
 probablement pour une raison personnelle... 
 
Daneydzaus :
 1. La communauté n'a pas de contraintes? Elle fait
 simplement utiliser sa culture locale. C'est une contrainte pour
 cette culture?
2.
 Je ne m'intéresse pas au voyageur; pas besoin de touristes dans ma
 ville; si ma ville est dynamique, elle va attirer les touristes sans
 que je les appelle. Tokyo n'a pas besoin de pub touristique.
Pas
 que je n'en veux pas, ils sont le bienvenus, mais ils ne sont pas
 une nécessité.
Je
 m'intéresse à celui qui veut venir habiter dans une culture qui
 est autre que celle de sa naissance.
Swec :
 ...et donc, pourquoi une ville comme Tokyo interpelle un
 gaijin en anglais? Ce doit être...
 culturel! 
 
Intégrer
 une culture, c'est ÉNORME.
Daneydzaus :
 Je sais bâtard.
 
 
Je
 le fais.
Swec :
 Intégrer une culture, ça se fait à deux... l'individu
 et la collectivité.
Daneydzaus :
 En fait, Tokyo interprette le gaijin comme un voyageur
 constamment, il ne le pense pas comme un citoyen.
Swec :
 Parce que le gaijin ne reste jamais?
Daneydzaus :
 Non; parce qu'il n'a pas une face de japonais.
Swec :
 THERE!
Celui
 qui n'a pas une face de japonais n'est pas assimilé.
Daneydzaus :
 C'est un processus essentiellement raciste. 
 
Swec :
 Et tes kids, qui vont venir d'une japonaise (dont je
 serai vert de jalousie, duh!)... vont-ils être assimilés?
Daneydzaus :
 Pour le moment, à voir comment ça va, non.
D'où
 mon hésitation à rester à perpétuité au Japon.
J'ai
 encore 4 ans pour changer ma ville 
 
Swec :
 Pourtant,
 ils auront la langue, une partie du teint et des yeux en amandes.
 Qu'est-ce qui manquerait?
Daneydzaus :
 Ils ont un père non-Japonais, et ils vont avoir l'air
 half.
Swec :
 L'air half, c'est suffisant
 pour être stigmatisé?
Daneydzaus :
 Oui
Swec :
 Terrible.
Daneydzaus :
 Le Québec ne faisait pas mieux il n'y a pas longtemps :
 chaque étranger qu'on rencontrait, on saluait en anglais, et on lui
 disait ainsi de rentrer chez eux.
Pourquoi
 penses-tu que j'insiste autant à ce que mes petits culs de la
 maternelle m'adresse d'abord en japonais? Pour qu'ils perdent cette
 habitude raciste, aussi pleine de bonne volonté soit-elle.
Je m'en fous que les certains Japonais ne
 pensent pas que ce soit raciste, je n'ai pas à changer leur
 façon de penser; j'ai juste à leur dire en pleine face que ce
 l'est, si la seule chose qu'ils font pour saluer quelqu'un
 en anglais c'est de dire "face non-japonaise" =
 "salutation en anglais".
Swec :
 Ya donc une différence entre défendre sa culture et
 stigmatiser l'étranger. C'est pas trivial...
Daneydzaus :
 Oui
Quand
 je salue qqn au Québec français, je ne suis pas en train de le
 stigmatiser.
Swec :
 Corollaire: Montrer que l'étranger est le bienvenu, ça
 veut pas dire de faire la carpette...
Daneydzaus :
 Justement.
Il
 faut être rough avec lui, mais de la bonne façon, et aussi
 comprendre qu'il peut manquer quelque expérience.
Swec :
 De mon côté, avec ma réalité, je mets l'effort à
 faire sur le voyageur... toi, c'est l'opposé.
Daneydzaus :
 Pour s'internationaliser, il faut que la communauté
 elle-même soit prête à dire au nouvel arrivant comment ça
 fonctionne ici.
Swec :
 Maintenant, tu fais ça comment pour le Québec? 
 
Daneydzaus :
 Saluer tout le monde en français.
C'est
 la première étape 
 
Swec :
 Indeed. ça va de soi.
Daneydzaus :
 Mais ne pas avoir peur de ne pas savoir l'anglais, et de
 tenir boutique en français.
Swec :
 Le
 "bonjour, hi" montréalais me donnait de l'urticaire...
Daneydzaus :
 En gros, arrêter de penser qu'on est juste un petit
 groupe minoritaire. On est une culture, on a le droit de vivre dans
 notre langue, mais tout le monde peut y venir.
Swec :
 J'trouve ça bizarre que certains AIENT BESOIN de la
 dénomination de pays avant d'y penser...
Daneydzaus :
 Parce que l'Europe a donné cette image.
Une
 culture = un État
Swec :
 l'Europe n'a pourtant pas de pays vastes comme le
 Canada...
Daneydzaus :
 Non, mais le Canada se comporte comme un pays européen.
La
 notion de "culture canadienne" a été la plus grosse
 erreur du Trudeau; il pensait que son bilinguisme personnel pourrait
 facilement se transmettre à l'ensemble de son pays, le Canada. Does
 not work that way.
En
 gros, il voulait faire d'un pays où l'on saluerait "bonjour,
 hi" partout. N'importe quel twit linguiste sait que ça ne
 marche pas comme ça.
Swec :
 Surtout
 dans mon coin de pays actuel...
Daneydzaus :
 Je sais, Saint-Boni en FR, le reste en EN
Swec :
 L'Ouest canadien au complet (hormis StB) se fiche du
 français.
Daneydzaus :
 Je sais, et je suis heureux qu'ils le fassent, s'ils
 acceptent que la grosse majorité en fasse de même pour l'anglais
 au Québec.
Pas
 le cas, actuellement.
Swec :
 Bof... pour toute carpette, ya quelqu'un pour marcher
 dessus.
Daneydzaus :
 Je sais. Donc, je ne suis pas un ghettoisateur, comme
 Melipwes un jour m'avait traité, quand je
 parlais de faire un pays avec diverses communautés.
Juste
 qqn qui veut que des dizaines de communautés puissent vivre
 ensemble.
Et
 qu'on puisse facilement aller de l'un à l'autre, sans être gêné
 et à bras ouvert.
C'était
 ça, mon fucking rêve pour le Canada, à 18 ans, qui a été brisé.
Swec :
 Accepter la différence de
 l'autre. ça non plus, ce n'est pas trivial.
Daneydzaus :
 Bingo.
Swec :
 J'ai
 appris ça à 24 ans. J'ai trouvé ça tard longtemps, mais je
 réalise que certaines personnes meurent sans comprendre ce concept.
Daneydzaus :
 Moi, j'avais compris ça à 11 ans.
J't'un
 précoce. Comme je l'ai toujours été.
Trop
 précoce, peut-être.
Swec :
 Arrivé à Montréal, à 18 ans, j'voulais qu'on m'en
 montre, des différences... mais je n'étais pas prêt à les
 accepter. C'est venu beaucoup plus tard.
Daneydzaus :
 Moi, après avoir intégré le Québec en moi, j'avais
 compris le Canada : une multitude de cultures et de communautés;
 mais le Canada m'a rejeté à terme; ils ne veulent q'une
 communauté, généralement la leur.
Donc,
 à 11 ans, j'avais eu ça. 7 ans à paufiner; je confronte, et on me
 traite de grossier raciste pour ça.
Évidemment
 que je vais crisser mon camp.
Swec :
 Duh!
Daneydzaus :
 Je dirais que même toi, tu m'as traité de raciste pour
 la vision que j'avais.
Swec :
 Probablement.
Daneydzaus :
 Elle n'a à peu près pas changer, sinon que je vois
 encore plus de diversité au Canada que je ne voyais à l'époque
Pourtant,
 voilà, je suis loin du raciste, mais l'anti-raciste le plus affirmé
 sur cette Terre probablement 
 
Swec :
 Ya une fine ligne entre intégrer le voyageur et accepter
 sa différence. J'connais pas un seul peuple avec cette maturité-là,
 jusqu'à maintenant.
Daneydzaus :
 Mais tu connais au moins un individu 
 
Swec :
 Devrais-je
 rétorquer: "C'est un début!" ?
Daneydzaus :
 Ouais, pour m'encourager? 
 
Swec :
 Tu sais bien que j'suis pessimiste de nature...
(Allez,
 juste pour toi.)
Bah... c'est un début!
Daneydzaus :
 Mais je sais que tu penses vraiment que je suis dans la
 bonne Voie 
 
Même
 avec ton pessimisme.
Swec :
 Chacun sa voie. j'sais pas à
 quel point j'aurais été heureux si j'avais pris ton chemin... Mais
 je préfère le mien.
Daneydzaus :
 Non, dans le sens de vision sur l'intégration de
 résident qui a l'air d'un étranger et sur la fluidité des
 cultures.
Swec :
 Oh! oui, pour ça, on se rejoint sur plusieurs bouts...
Daneydzaus :
 Un mince fil, comme tu dis, entre l'a-plat-ventrisme et
 la discrimination. Tu traites la personne comme une personne locale,
 et c'est à la personne elle-même de voir si elle veut être locale
 ou non.
Et
 toute la responsabilité revient alors sur elle 
Un
 jour, peut-être que tu vas comprendre que, quand on traite qqn
 comme un local, c'est la personne qui vient de l'extérieur qui a le
 fardeau d'accepter ou rejeter cet accueil qui l'invite à s'intégrer
 à la communauté locale.
 
Swec :
Oh, je le comprends... C'est juste le pessimiste en moi
qui ne constate que rarement l'acceptation...
 
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