2013年5月25日土曜日

La ligne mince entre discriminer et intégrer : Réflexions sur le multiculturalisme

Swec : Ce gars-là a probablement eu ses raisons de composer ce texte-là. Franchement, je m'en fiche beaucoup.

Daneydzaus : Nan, il n'a pas de raisons. Premièrement, il ne sait pas comment fonctionne une culture vivante. Ni l'acquisition d'une langue. Il a un point, dans ce sens que le Québec devrait arrêter de mettre l'anglais comme langue seconde, mais son point est tellement détourné (arrêter les contacts avec les anglos) de ce qu'il faut faire que... pour moi c'est de la pure merde.

Swec : Ça résume ma position sur le sujet.

Daneydzaus : Et pour avoir une société qui accueille et intègre, il faut la rendre intéressante, dynamique et proactive, pas figée, stagnante et réactive, comme il le fait.

Et surtout, faire tout pour sentir que la personne, peu importe son background, même anglophone, puisse se sentir tout à fait chez lui, dans la seule mesure d'une maîtrise du français.

Swec : Les réactionnaires sont condamnés à se victimiser perpétuellement... c'est probablement ce que tout bon lobby québécois veut, après tout. Si le gouvernement est là pour défendre les faibles, il le force à le mettre de son côté.

Daneydzaus : J'ai pas besoin de me sentir en victime au Japon. Ces temps-ci, j'ai juste quelques personnes qui ne peuvent que me prendre pour un anglophone, ce que je ne suis pas, ou pour Mr. Gaijin, ce que je ne suis pas non plus.

Swec : À ta place, je trouverais le côté gaijin moins insultant...

Daneydzaus : Non. Je le trouve tout à fait insultant. C'est comme si je traitais constamment Caučircic d'outsider si elle décidait d'habiter au Québec.

Swec : Mais elle l'est. Elle n'a jamais admis ou voulu être québécoise.

Daneydzaus : À ce -là, c'est son choix, et elle a le droit. Si elle veut que je la salue en anglais, no prob non plus. Mais moi, j'ai fait un autre choix. J'ai décidé d'habiter au Japon, pour un instant, pas besoin de me faire saluer en anglais.

Swec : Les généralisations, c'est malheureux... Faudrait pas que tu le prennes personnel. À moins que ce ne soit répétitif et en conscience de cause (alors quoi, c'est du bulliying, rien de moins).

Daneydzaus : C'est répétitif, et fait par pas mal tous les Japonais.

Les seuls avec qui ça ne se passe pas, ce sont les Japonais avec qui j'ai réussi à changer cette mauvaise habitude. Et je leur dis simplement : est-ce que vous voulez que je reste? Oui? Alors traitez-moi comme quelqu'un qui habite ici, et pas quelqu'un qui est de passage.

Si je salue quelqu'un au Québec, ça va être en français à la base. Messemble que c'est normal.

À Toronto, ça va être en anglais, et ici, à Kurobe, en japonais.

Swec : Lol!

Daneydzaus : Si tu veux être international, la première étape est de faire sentir la personne qui vient chez vous pour y vivre comme étant "à la maison".

Mon ami Russuma, suédophone, je le traite comme un Québécois, et il aime ça au cube.

Ça le fait sentir super à l'aise.

Swec : La morale de cette histoire est que c'est toujours crucial de savoir à qui on s'adresse.

Daneydzaus : Pas tellement, un voyageur de passage au Japon va-t-il se sentir insulté de se faire saluer en japonais?

Swec : Non.

C'est normal: il est au Japon.

Daneydzaus : Justement.

Alors tu sais toujours à qui tu t'adresse; qqn qui est sur place.

T'as pas besoin de rien d'autre.

Swec : Dans ce contexte-là, oui. c'est plutôt l'effort du voyageur qui sera sollicité, dans le cas que tu soulignes.

Daneydzaus : 1. Combien de fois salutons-nous qqn sur la route? À peu près pas dans nos grosses villes.
 

2. Le voyageur sait qu'il n'est pas dans son pays; il va simplement dire qu'il parle pas la langue locale.

Swec : Un voyageur qui ne parle pas la langue d'où il va n'est, au plus, qu'un touriste.

Daneydzaus : Justement.

Faque t'as jamais vraiment à te poser des questions.

Swec : En temps normal.

Ya des gens qui sont mal intentionnés, ou mal informés...

Daneydzaus : Je sais, c'est pour ça que j'ai crissé mon camp du Canada. Le Québec m'énerve parce que une partie des Québécois n'accepte pas qu'une partie de sa population soit effectivement une communauté anglophone (mais celle-là, des fois, ne semble pas accepter non plus qu'elle est en situation minoritaire). Ailleurs au Canada, il y a pleins de truc sur comment le Québec devrait être bilingue et tout et tout et que la simple demande de pouvoir vivre tout simplement complètement en français dans une partie du territoire est une demande qui semble déraisonnable.

Si je ne suis pas capable d'avoir un milieu où je ne peux pas savoir comment saluer la personne sans l'insulter, je préfère aller dans un endroit où c'est plus clair.

Swec : Et donc, tu encourages les mouvements/comportements semblables au nationalisme?

Daneydzaus : J'encourage la diversité des milieux. J'adorerais que le West Island soit complètement anglophone, comme c'était dans le passé.

J'aurais aimé que Saint-Léonard devienne un quartier entièrement italien, ça aurait été drôle et le fun en même temps.

Swec : Je considère le nationalisme et la ghettoïsation comme une même chose, à différente échelle...

Daneydzaus : Pas si tu acceptes que n'importe qui peut y entrer et en sortir.

Swec : Voilà!!!

Ton honneur est sauf!

Daneydzaus : L'idée, ce n'est pas de mettre un mur face à l'immigration; au contraire : je veux encourager les gens à se déplacer selon leur goût. Mais je veux ça le plus large, le plus diversifié, mais aussi le plus clair possible.

Swec : Tu fais ça comment, justement? Tu élimines les frontières au nom d'une genre de "permis de voyager" limité à ta capacité d'intégration?

Daneydzaus : Non; c'est à l'interne : si tu veux qu'une communauté soit dynamique, il faut que sa culture (son style de vie, ce qui inclut la langue) soit utilisée à tous les niveaux, le plus largement possible.

Pas besoin de frontières; les gens s'assimilent assez bien quand dans la localité où ils sont ils savent que c'est comme X.

Swec : Je trouves bizarre le fait que tu mets la contrainte sur la communauté et que tu ASSUMES que le voyageur est intéressé à s'assimiler...

C'est probablement pour une raison personnelle...

Daneydzaus : 1. La communauté n'a pas de contraintes? Elle fait simplement utiliser sa culture locale. C'est une contrainte pour cette culture?

2. Je ne m'intéresse pas au voyageur; pas besoin de touristes dans ma ville; si ma ville est dynamique, elle va attirer les touristes sans que je les appelle. Tokyo n'a pas besoin de pub touristique.

Pas que je n'en veux pas, ils sont le bienvenus, mais ils ne sont pas une nécessité.

Je m'intéresse à celui qui veut venir habiter dans une culture qui est autre que celle de sa naissance.

Swec : ...et donc, pourquoi une ville comme Tokyo interpelle un gaijin en anglais? Ce doit être... culturel!

Intégrer une culture, c'est ÉNORME.

Daneydzaus : Je sais bâtard.

Je le fais.

Swec : Intégrer une culture, ça se fait à deux... l'individu et la collectivité.

Daneydzaus : En fait, Tokyo interprette le gaijin comme un voyageur constamment, il ne le pense pas comme un citoyen.

Swec : Parce que le gaijin ne reste jamais?

Daneydzaus : Non; parce qu'il n'a pas une face de japonais.

Swec : THERE!

Celui qui n'a pas une face de japonais n'est pas assimilé.

Daneydzaus : C'est un processus essentiellement raciste.

Swec : Et tes kids, qui vont venir d'une japonaise (dont je serai vert de jalousie, duh!)... vont-ils être assimilés?

Daneydzaus : Pour le moment, à voir comment ça va, non.

D'où mon hésitation à rester à perpétuité au Japon.

J'ai encore 4 ans pour changer ma ville

Swec : Pourtant, ils auront la langue, une partie du teint et des yeux en amandes. Qu'est-ce qui manquerait?

Daneydzaus : Ils ont un père non-Japonais, et ils vont avoir l'air half.

Swec : L'air half, c'est suffisant pour être stigmatisé?

Daneydzaus : Oui

Swec : Terrible.

Daneydzaus : Le Québec ne faisait pas mieux il n'y a pas longtemps : chaque étranger qu'on rencontrait, on saluait en anglais, et on lui disait ainsi de rentrer chez eux.

Pourquoi penses-tu que j'insiste autant à ce que mes petits culs de la maternelle m'adresse d'abord en japonais? Pour qu'ils perdent cette habitude raciste, aussi pleine de bonne volonté soit-elle.

Je m'en fous que les certains Japonais ne pensent pas que ce soit raciste, je n'ai pas à changer leur façon de penser; j'ai juste à leur dire en pleine face que ce l'est, si la seule chose qu'ils font pour saluer quelqu'un en anglais c'est de dire "face non-japonaise" = "salutation en anglais".

Swec : Ya donc une différence entre défendre sa culture et stigmatiser l'étranger. C'est pas trivial...

Daneydzaus : Oui

Quand je salue qqn au Québec français, je ne suis pas en train de le stigmatiser.

Swec : Corollaire: Montrer que l'étranger est le bienvenu, ça veut pas dire de faire la carpette...

Daneydzaus : Justement.

Il faut être rough avec lui, mais de la bonne façon, et aussi comprendre qu'il peut manquer quelque expérience.

Swec : De mon côté, avec ma réalité, je mets l'effort à faire sur le voyageur... toi, c'est l'opposé.

Daneydzaus : Pour s'internationaliser, il faut que la communauté elle-même soit prête à dire au nouvel arrivant comment ça fonctionne ici.

Swec : Maintenant, tu fais ça comment pour le Québec?

Daneydzaus : Saluer tout le monde en français.

C'est la première étape

Swec : Indeed. ça va de soi.

Daneydzaus : Mais ne pas avoir peur de ne pas savoir l'anglais, et de tenir boutique en français.

Swec : Le "bonjour, hi" montréalais me donnait de l'urticaire...

Daneydzaus : En gros, arrêter de penser qu'on est juste un petit groupe minoritaire. On est une culture, on a le droit de vivre dans notre langue, mais tout le monde peut y venir.

Swec : J'trouve ça bizarre que certains AIENT BESOIN de la dénomination de pays avant d'y penser...

Daneydzaus : Parce que l'Europe a donné cette image.

Une culture = un État

Swec : l'Europe n'a pourtant pas de pays vastes comme le Canada...

Daneydzaus : Non, mais le Canada se comporte comme un pays européen.

La notion de "culture canadienne" a été la plus grosse erreur du Trudeau; il pensait que son bilinguisme personnel pourrait facilement se transmettre à l'ensemble de son pays, le Canada. Does not work that way.

En gros, il voulait faire d'un pays où l'on saluerait "bonjour, hi" partout. N'importe quel twit linguiste sait que ça ne marche pas comme ça.

Swec : Surtout dans mon coin de pays actuel...

Daneydzaus : Je sais, Saint-Boni en FR, le reste en EN

Swec : L'Ouest canadien au complet (hormis StB) se fiche du français.

Daneydzaus : Je sais, et je suis heureux qu'ils le fassent, s'ils acceptent que la grosse majorité en fasse de même pour l'anglais au Québec.

Pas le cas, actuellement.

Swec : Bof... pour toute carpette, ya quelqu'un pour marcher dessus.

Daneydzaus : Je sais. Donc, je ne suis pas un ghettoisateur, comme Melipwes un jour m'avait traité, quand je parlais de faire un pays avec diverses communautés.

Juste qqn qui veut que des dizaines de communautés puissent vivre ensemble.

Et qu'on puisse facilement aller de l'un à l'autre, sans être gêné et à bras ouvert.

C'était ça, mon fucking rêve pour le Canada, à 18 ans, qui a été brisé.

Swec : Accepter la différence de l'autre. ça non plus, ce n'est pas trivial.

Daneydzaus : Bingo.

Swec : J'ai appris ça à 24 ans. J'ai trouvé ça tard longtemps, mais je réalise que certaines personnes meurent sans comprendre ce concept.

Daneydzaus : Moi, j'avais compris ça à 11 ans.

J't'un précoce. Comme je l'ai toujours été.

Trop précoce, peut-être.

Swec : Arrivé à Montréal, à 18 ans, j'voulais qu'on m'en montre, des différences... mais je n'étais pas prêt à les accepter. C'est venu beaucoup plus tard.

Daneydzaus : Moi, après avoir intégré le Québec en moi, j'avais compris le Canada : une multitude de cultures et de communautés; mais le Canada m'a rejeté à terme; ils ne veulent q'une communauté, généralement la leur.

Donc, à 11 ans, j'avais eu ça. 7 ans à paufiner; je confronte, et on me traite de grossier raciste pour ça.

Évidemment que je vais crisser mon camp.

Swec : Duh!

Daneydzaus : Je dirais que même toi, tu m'as traité de raciste pour la vision que j'avais.

Swec : Probablement.

Daneydzaus : Elle n'a à peu près pas changer, sinon que je vois encore plus de diversité au Canada que je ne voyais à l'époque

Pourtant, voilà, je suis loin du raciste, mais l'anti-raciste le plus affirmé sur cette Terre probablement

Swec : Ya une fine ligne entre intégrer le voyageur et accepter sa différence. J'connais pas un seul peuple avec cette maturité-là, jusqu'à maintenant.

Daneydzaus : Mais tu connais au moins un individu

Swec : Devrais-je rétorquer: "C'est un début!" ?

Daneydzaus : Ouais, pour m'encourager?

Swec : Tu sais bien que j'suis pessimiste de nature...

(Allez, juste pour toi.)


Bah... c'est un début!


Daneydzaus : Mais je sais que tu penses vraiment que je suis dans la bonne Voie

Même avec ton pessimisme.

Swec : Chacun sa voie. j'sais pas à quel point j'aurais été heureux si j'avais pris ton chemin... Mais je préfère le mien.

Daneydzaus : Non, dans le sens de vision sur l'intégration de résident qui a l'air d'un étranger et sur la fluidité des cultures.

Swec : Oh! oui, pour ça, on se rejoint sur plusieurs bouts...

Daneydzaus : Un mince fil, comme tu dis, entre l'a-plat-ventrisme et la discrimination. Tu traites la personne comme une personne locale, et c'est à la personne elle-même de voir si elle veut être locale ou non.

Et toute la responsabilité revient alors sur elle

Un jour, peut-être que tu vas comprendre que, quand on traite qqn comme un local, c'est la personne qui vient de l'extérieur qui a le fardeau d'accepter ou rejeter cet accueil qui l'invite à s'intégrer à la communauté locale.
 
Swec : Oh, je le comprends... C'est juste le pessimiste en moi qui ne constate que rarement l'acceptation...

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